Le blog des équiciens

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La viabilité économique de l'équicie

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°7 - 2015

 

Par Marjorie Vaissière, équicienne, éducatrice spécialisée, fondatrice de Les Crins des Liens, relais Handi-Cheval Aquitaine

 

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La Revue de la Médiation Equine : d’après votre expérience, la pratique de l’équicie peut-elle dégager suffisamment de recettes pour payer un salaire à temps plein ?

Marjorie Vaissière : après plus de deux ans d'activité, l'association Les Crins des Liens pourrait désormais couvrir un emploi au SMIC, temps plein, exclusivement grâce aux 28h00 d’atelier hebdomadaire et aux adhésions. Nous n’avons à ce jour sollicité aucune subvention, car nous réservons cette démarche à nos futurs investissements, en particulier pour des installations équestres adaptées. Grâce à un emploi aidé, en CUI, sur deux ans, nous avons très rapidement pu créer un 30h00 SMIC d’équicienne. De part cette aide à l’emploi, nous pouvons dégager un peu de trésorerie afin de préparer le passage à un temps plein, non aidé, qui devrait aboutir en 2016. Cette trésorerie permet aussi d'amortir les annulations d’ateliers, par exemple en cas d’intempérie, maladie,problème d’organisation, etc.

 

R.M.E. : Comment avez vous démarré l’activité et comment parvenez vous à la développer ?

M.V.: Au début, nous sommes intervenus principalement dans les centres équestres partenaires, que nous avions pris soin de choisir en fonction de leur emplacement, leurs équipements, mais aussi de la qualité et des conditions de vie de leur cavalerie. Nous nous déplaçons encore sur trois sites, à 50 km maximum du siège de l’association, afin d’accompagner des groupes venant de F.A.M. ou de structures d’accueil d’enfants polyhandicapés de ces secteurs géographiques. Heureusement, très vite, nous avons eu notre première demande d’accueil de jour, de la part de parents d’un jeune homme notre première demande d’accueil de jour, de la part de parents d’un jeune homme autiste. Ce jeune vient à nos écuries, une journée par semaine, en individuel, car son problème est justement celui de l’insertion dans le groupe. Ce à quoi nous travaillons ! Bientôt, cette personne devrait pouvoir être accompagnée en même temps qu’une autre, sur deux accueils de jour en parallèle. Progressivement, les groupes viennent de plus en plus volontiers sur notre site, maintenant que les prescripteurs sont conscients de l’importance du lieu, du confort des chevaux, du matériel adapté, données dont ils ne réalisent pas l’importance au début, pensant que l’on peut pratiquer l’équicie dans n’importe quelles conditions, avec n’importe quel équidé.

 

R.M.E. : Quelles principales difficultés avez vous rencontré ?

M.V. : Tout d'abor celle de faire identifier l'activité d'équicie au milieu de toutes les « thérapies » proposées avec le cheval. Il a fallu aussi faire connaître l’association et créer des partenariats avec les institutions. Cette communication sur notre métier et nos prestations est menée tant auprès des structures médico-sociales que de la M.D.P.H., afin’orienter les publics vers nos ateliers et débloquer des financements. Grâce à l’évaluation réalisée sur l’un de nos accompagnements – celui du premier jeune autiste reçu en accueil de jour-, nous avons développé un contact privilégié avec un hôpital psychiatrique. Désormais cette institution oriente régulièrement des enfants etadolescents vers nos ateliers. Tout cela a pris un temps qui peut sembler long, entre les premiers contacts avec les institutions et la mise en place effective des accompagnements eux-mêmes. Il faut donc être patient, tenace, et économiquement pouvoir faire front, en particulier en diversifiant ses activités.

 

R.M.E. : Quelles activités sont menées pour votre diversification ?

M.V. :  Mon diplôme d'éducatrice spécialisée permet de proposer des accueils de jour, ce qui complète l’activité d’équicie en tant que telle. Prochainement, grâce au D.U. d’éthologie de l’Université de Rennes I, je souhaite développer un service de conseil en comportements du cheval et en relation inter-espèces, avec des suivis individuels de couples homme-cheval et des demi-journées thématiques pour des groupes. Certes, il ne s’agit pas de handicap proprement dit, mais j’estime rester dans mon travail d’équicienne en intervenant lorsqu’il y a des difficultés dans la relation.

 

R.M.E. : Quels conseils donneriez vous à de futurs équiciens ?

M.V. : Au départ, on peut s'établir en indépendant, en facturant par exemple des prestations aux centres équestres qui veulent accueillir des séances d’équicie. Il y a un travail d’information important à réaliser dans son secteur géographique, auprès de ces futurs partenaires. Si l’on dispose d’un lieu d’accueil, avec sa propre cavalerie, il faudra tout de même accepter de se déplacer au départ sur d’autres sites, le temps de se faire connaître et que les clients viennent à vous. Enfin, il faut diversifier son activité, par exemple avec un pôle équitation adaptée si l’on est moniteur, ou en développant un accompagnement sur la relation homme-cheval, si l’on a une formation complémentaire en éthologie. Il est aussi possible d’organiser des journées de sensibilisation à l’équicie, pour les professionnels du médico-social, dans son secteur. C'est ce qu'a fait Les Crins des Liens en Aquitaine, avec le concours d’Handi-Cheval, pour expliquer ce que le cheval peut apporter à tel ou tel public et faire comprendre ce qu’est le métier d’équicien. Une autre possibilité est d’organiser de petites formations pour les accompagnants de façon à autre possibilité est d’organiser de petites formations pour les accompagnants de façon à ce qu’ils soient plus à l’aise, qu’ils aillent dans le sens de notre travail, en connaissant les principaux comportements du cheval et les règles de sécurité. Un éducateur qui a peur ou n’est pas vraiment présent n’est ni sécurisant pour la personne accompagnée, ni pour l’équicien, ni...pour le cheval! En résumé, afin de développer son activité et la faire perdurer, je pense qu’il faut un ajustement constant aux publics, aux prescripteurs potentiels et une acquisition permanente de nouvelles connaissances, tant dans le domaine médico-social qu’équin. C’est aussi en cela que notre travail est passionnant !

 

Si vous souhaitez poser des questions ou demander conseil à Marjorie, vous pouvez la contacter à l’adresse mail lescrins.desliens@gmail.com

http://www.lescrinsdesliens.fr/

 



25/09/2015

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