L'équicie ?
Il s’agit d’un accompagnement avec le cheval, destiné aux personnes :
- en situation de handicap moteur, sensoriel, mental, psychique ou social
- en état de souffrance passagère ou durable
- en recherche de mieux-être
La démarche est clairement identifiée et encadrée par un cadre déontologique commun à tous les équiciens :
Porté par la Fédération HandiCheval, le métier d’équicien est le premier métier de médiation animale à obtenir une reconnaissance officielle de l’état (arrêté du 20/01/14).
L’équicien est un professionnel de la médiation équine : il s’appuie sur la création d’une relation entre le cheval et la personne accompagnée.
Il utilise les outils de la relation d’aide et construit son accompagnement sur la méthodologie de la démarche projet de l’action sociale (cf. Loi de 02/2002).
L’équicie est un métier transdisciplinaire. L’équicien a des connaissances en anatomie et en physiologie, en psychologie et en éthologie humaine et animale.
- Accueillir la personne et identifier ses attentes, ainsi que la commande du prescripteur.
- Élaborer avec la personne, la famille ou l’équipe référente, un projet individualisé à partir d’un état des lieux. Le projet définit durée de l’accompagnement, visée, finalité, objectifs intermédiaires et modalités d’évaluation.
- Encadrer l’activité, en étant garant de la sécurité et du bien-être des personnes et des chevaux.
- Evaluer l’avancée du projet en s’appuyant sur des indicateurs concrets, réels et vérifiables.
- Rendre compte au prescripteur (documents de synthèse, échanges…).
- Travailler en partenariat avec les équipes entourant la personne.
En fonction du prescripteur, les projets peuvent être à visée :
- Educative (évaluation des apprentissages)
- Thérapeutique (évaluation des comportements)
- De loisir
Les projets visent à améliorer les comportements ou les apprentissages, à les stabiliser ou à éviter leur détérioration.
Le choix de cibler une finalité n’exclut pas la présence d’autres effets induits par l’activité, mais qui eux, ne seront pas mesurés dans le cadre de ce projet là.
Ethique par rapport au cheval
Cet accompagnement repose sur la création d’une relation avec le cheval : celui-ci ne peut être considéré comme un outil, mais bien en tant que partenaire.
Son bien-être, pendant et en dehors des séances, est une préoccupation constante. Cela implique :
- de lui offrir des conditions de vie adaptées à ses besoins (prés avec abris, vie en troupeau, alimentation raisonnée, suivi de son état de santé, suivi en ostéopathie, dentisterie…),
- de mettre en place des apprentissages venant nourrir une relation positive envers l’humain,
- d’entretenir une musculature et une locomotion adaptées aux situations de monte,
- d’être attentif aux indicateurs de bien-être et de mal-être pendant les séances.
Cette approche, qui demande des compétences confirmées, est bénéfique pour la sécurité de tous, ainsi que pour la qualité de l’accompagnement.
Les spécificités de la médiation équine
Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°3 - 2013
Par Isabelle Claude, présidente de la fédération Handi-cheval
Le cheval est de plus en plus considéré comme un partenaire de soin et d’éducation. Il est de plus en plus sollicité dans le secteur médico-social et paramédical. Il rentre aujourd’hui dans le répertoire des activités à médiation. Le cheval en soi, n’est pas une activité (objet) mais un animal (sujet), c’est pourquoi je préfère parler d’action à médiation cheval.
La médiation permet d’accéder à des notions d’éducation, de soins ou d'apprentissage sans la notion de contrainte. Ces activités offrent à l’éducateur ou au soignant des champs d’actions plus nombreux et permettent ainsi de voir évoluer la personne dans un cadre différent que le cadre « classique » de l’école, l’hôpital ou l’institution.
Il s’agit une pratique visant à définir l’intervention d’un tiers en vue de faciliter la circulation d’informations et mettre en place des moyens adaptés visant à réduire une détérioration, améliorer un comportement ou acquérir des apprentissages.
La plupart des activités à médiation se font par l’intermédiaire d’un élément naturel (eau, montagne…), d’une situation artistique (musique, dessin, écriture…) ou encore d’objets (ballon, raquette, vélo..) sans états et émotions propres. L’animal inscrit dans le registre de la médiation a de différence avec les autres formes de médiation qu’il a ses états propres qui vont interférer avec ceux de la personne, dans un échange perpétuellement renouvelé. Cela va demander à chacun une adaptabilité, des apprentissages de codes, des attentes affectives, des transferts de sentiments, des incompréhensions…qu’il va falloir prendre en compte.
De plus, l’équidé possède une caractéristique que n’a ni le chien ni le chat, il est le seul animal proche de nous capable de nous porter et transporter, ce qui lui confère un rôle particulier. Au delà de ce rôle de portage, il possède cette particularité de regrouper un ensemble de fonctions réelles et symboliques, celles-là même indispensables à la construction de la personne. Il peut donc participer à l’étayage d’une construction ou reconstruction individuelle, ceci à condition que la triangulaire de la médiation existe.
Il reste cependant à ne pas oublier que le cheval n’est pas une panacée et qu’il ne convient pas forcement à tout le monde et à toutes les situations. La non prise en compte de la personne pourra faire émerger des effets délétères. Quelques exemples de ces effets souvent ignorés : une personne en état abandonnique à qui l’on change le cheval sans se préoccuper de sa situation ne fera que renforcer cet état et fermera un possible attachement animal. Une personne atteinte de troubles de la communication peut s’enfermer encore plus si l’on exerce une sur stimulation. Une personne atteinte d’une IMC, peut devenir de plus en plus spastique si l’on ne tient pas compte de ses contractures, atteintes et attitudes.
Attention ! On peut sans le vouloir et sans le savoir produire l’effet inverse à celui souhaité.
A méditer…
Comment devenir équicien?
Trois voies pour devenir équicien :
- la formation continue (formation professionnelle pour adulte)
- la formation initiale (post bac)
- la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience)
Vous trouverez plus d'infos dans les articles à venir.
Vous pouvez également vous rendre sur le site du centre de formation : http://equitaide.com/formations.html ou contacter la Fédération Nationale Handi Cheval : 05 49 95 07 77 fnhc@wanadoo - www.handicheval.asso.fr/
Et après?
Article écrit par Mathilde, Eva et Nolwenn, étudiantes en deuxième année de formation initiale Et par Maëliss et Julie, étudiantes en troisième année de formation initiale.
Beaucoup de personnes de notre entourage se questionnent sur les débouchés possibles à l’issue de l’obtention du titre d’équicien. Plusieurs choix s’offrent à nous :
✓ Salarié : nous avons la possibilité d’être embauchés dans un centre équestre afin de pratiquer l’équicie au sein de la structure. Nous pouvons également être salariés dans un centre d’accueil pour personnes en situation de handicap tel que des Maisons d’Accueil Spécialisées, des Foyers d’Accueil Médicalisés, des Foyers d’Accueil, des lieux de vie, …
✓ Micro-entreprise : en ayant ce statut professionnel, nous avons la possibilité d’être vacataire dans des centres équestres et poneys-clubs. Dans ce cas-là, nous créons un partenariat avec une ou plusieurs structures dans l’optique de louer les poneys et les infrastructures pour pratiquer notre activité. La micro-entreprise est exonérée de la TVA dans la limite d’un chiffre d’Affaire inférieur à 35 200€.
✓ Association loi 1901 : ce type d’association est à but non lucratif, c’est-à-dire qu’elle ne tire pas de profit. Elle va réinvestir avec ses propres bénéfices.
✓ Entreprise individuelle : ceci ressemble à la micro-entreprise. Cela change au niveau du fonctionnement concernant la TVA qui est alors applicable et au niveau du revenu sur les impôts.
✓ Entreprise agricole : la gérance de la société ne se fait pas seul. C’est un moyen lorsque des personnes veulent s’associer. Exemples de types de sociétés agricoles : EARL (Entreprise Agricole à Responsabilité Limitée), GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun), SCEA (Société Civile d'Exploitation Agricole).
Voici des témoignages d’anciennes étudiantes de formation initiale, titrées en juin 2018 de l’école européenne d’équicien :
Marie LAUTIER : « J’exerce sous la forme d'une micro entreprise à DURTAL en Maine et Loire où j'ai 4 clients réguliers. En parallèle, je fais un remplacement maternité dans un IME pour de la médiation équine (10h/semaine) et je travaille dans la protection de l'enfance où j'interviens auprès d'une adolescente de 15 ans au quotidien à qui je propose aussi des ateliers d’équicie.»
Blandine BARBEY : « Je suis en micro entreprise à l’association Wakama Nagi, située à MONJOIE-ENCOUSERANS en Ariège. A partir de mi-mars, j’aurai un groupe venant d'une unité Alzheimer. J'ai un enfant venant d'un ITEP en séance individuelle, et également un autre venant du SESSAD. J’accueille une petite fille qui vient avec ses parents mais pas toutes les semaines. »
Lucie ROUSSEL : « Actuellement, je suis salariée (35h) en tant qu'éducatrice spécialisée dans une association pour adultes cérébrolésés. Je vais avoir 2 ateliers d'équicie avec 2 résidents différents au sein de l’association. J'ai également postulé sur indeed. »
Léa RODRIGUES : « J’ai ma micro-entreprise et je suis prestataire de service pour l'association « Pas à Pas ». J’ai actuellement 10h30 d'équicie par semaine sur deux centres équestres, le centre équestre des Molières et le centre équestre des Bréviaires. »
Margot KUHN : « Après la formation, j'ai eu la chance de pouvoir travailler en tant qu'equicienne en remplacement dans une structure spécialisée en addictologie ainsi que pour l'association Equit'aide.
J'ai la volonté de me spécialiser en addictologie dans le cadre de l'equicie, mais il est compliqué de trouver un poste vacant en tant que salarié et j'envisage ce métier uniquement sous ce statut (en tout cas pour l'instant).
D'autre part, les trois années de formation ont été intenses sur plusieurs plans, et j'ai besoin de prendre de la distance. C'est un choix que je fais également en prenant en considération toutes les charges financières que j'ai aujourd'hui suite à la formation.
Aujourd'hui, j'exerce une autre profession. Je souhaite en effet explorer d'autres horizons et d'autres corps de métiers, avoir le plaisir d'acquérir de nouvelles expériences, avant de pouvoir m'investir pleinement en equicie. »
Amalia GONZALEZ : « Je suis embauchée comme équicienne à 21h/semaine dans un foyer de vie, en remplacement d’une monitrice d’équitation adaptée (CDD de 9mois). Ils m’ont contacté suite à l’envoi de mon questionnaire pour mon mémoire (recherches clientèle). En parallèle, j’ai une micro-entreprise au sein du Haras du Diamant Noir ainsi qu’au Moulin de Chaunoy à Champeaux où j’ai 2 à 3h d’équicie par semaine avec un établissement pour jeunes filles placées par l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). »