Le blog des équiciens

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Comprendre les moyens de communication utilisés par les chevaux et les utiliser 1/3

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°1 - 2013rme1 etho.jpg

 

Par Hélène Roche, éthologiste équin

 

 

Les chevaux utilisent quasiment tous les canaux de communication à leur disposition : auditif, olfactif, tactile et visuel.

A nous d’apprendre à reconnaître ces signaux pour mieux les comprendre et pouvoir en tenir compte.

 

La communication auditive

Les chevaux peuvent émettre plusieurs sons, certains produits par les cordes vocales et d’autres non. La terminologie française est peu précise dans ce domaine tandis que l’anglais possède des mots pour chaque type de son. Vous trouverez donc les mots anglais et français côte à côte.

Le son le plus connu est le hennissement (neigh ou whinny). Les chevaux hennissent lorsqu’ils perdent de vue un congénère ou qu’ils sont isolés. Cette vocalisation s’entend jusqu’à 1 km.

Lorsqu’ils se flairent de naseaux à naseaux, les chevaux couinent fréquemment, souvent en jetant l’antérieur. Ce cri ou couinement est appelé scream ou squeal en anglais. On peut également entendre cette vocalisation quand des chevaux jouent ensemble et que l’un d’eux est pincé par l’autre. Parfois, au cours de ruades ou sauts de moutons, ce cri est émis de façon brève.

Un autre son que vous connaissez bien est l’appel sourd (nicker en anglais) : les chevaux voyant arriver leur soigneur avec la ration ne manquent pas de se manifester de la sorte. Entre eux, les chevaux l’utilisent vraisemblablement comme signal de bienvenue.

Les chevaux émettent d’autres sons sans se servir de leurs cordes vocales. C’est le cas du souffle (blow), émis brusquement comme signal d’alarme en cas de danger, du ronflement (snore) pendant lequel le cheval inspire de l’air bruyamment, par exemple quand il découvre un objet qui lui fait peur, ou encore de l’ébrouement (snort), émis par exemple après une période de trot et que le cavalier rend les rênes. L’ébrouement sert à dégager les naseaux.

 

Quelle incidence pour l’homme ?

• Hennissement : c’est un signal de stress de séparation. Si le cheval appelle ses congénères une ou deux fois mais qu’il accède facilement à vos demandes, ce n’est pas un problème. Si ses appels sont doublés de défécations et d’un comportement très agité, cela signifie que le stress est important. Il peut devenir un désagrément majeur pour le cheval et un danger potentiel pour le cavalier. Il vous faudra reprendre l’éducation du cheval pour lui apprendre progressivement la séparation d’avec ses congénères. Malgré tout, certains chevaux, plus sensibles que d’autres à l’isolement, ne seront fiables qu’en travail de groupe.

• Couinement : c’est un signal à prendre au sérieux car il précède souvent une ruade de l’autre cheval et presque systématiquement un jeté d’antérieur. Si les chevaux sont en liberté, vous pouvez les laisser gérer leur différend. S'ils sont tenus en main, séparez les en faisant attention à votre position à leurs côtés pour ne pas prendre de coup au passage. Il est très rare que le cheval nous adresse directement un couinement, mais il peut le faire, par exemple au toucher si ce contact physique le stresse. Cessez de faire ce qui l’importune au point de vous adresser cette menace puis essayer de comprendre quel est le problème et comment progressivement le résoudre.

• Appel : c’est un signal de bienvenue, rarement adressé à l’homme en dehors de la distribution des repas. Si c’est le cas, ce son indique une relation agréable pour l’animal.

• Souffle et ronflement : ce sont des signaux d’inquiétude et d’alerte pour les congénères. Lorsque l’on monte le cheval ou que l’on est à côté de lui, il faut s’attendre à un écart ou un demi-tour. Face à cette inquiétude, restez le plus calme possible et encouragez le à observer, voire à explorer ce qui l’inquiète. Plus le cheval sera soumis à des explorations, plus il sera encouragé et félicité, plus il abordera positivement les situations nouvelles.

• Ebrouement : on le constate souvent après un effort physique ou à un moment de détente nerveuse. Mais l’ébrouement n’est pas uniquement un signal de détente. D’après des études scientifiques, il pourrait parfois signifier de l’impatience. Restez vigilants pour interpréter ce son au regard des autres attitudes du cheval.

 

Communication olfactive

Ce mode de communication est très mal connu. Ce qui est certain, c’est que l’odorat des chevaux leur permet d’échanger des informations qui nous échappent. Une posture caractéristique qui met en jeu l’olfaction est le flehmen. Lorsqu’un cheval, mâle ou femelle, flaire une odeur particulière, il adopte une posture et une mimique faciale très particulière : il tend l’encolure et retrousse sa lèvre supérieure en découvrant ses incisives. En fait, il effectue une analyse des molécules chimiques volatiles de cette odeur (les phéromones) dans sa cavité nasale, à l’aide d’un organe spécialisé, l’organe voméronasal ou organe de Jacobson, que nous ne possédons plus. Le flehmen est souvent observé chez les étalons qui sentent l’urine des juments, vraisemblablement pour obtenir des informations sur leur état hormonal. Il est également fréquent de l’observer chez la jument lorsqu’elle a mis bas. D’ailleurs, la jument reconnaît son poulain nouveau-né en partie à son odeur.

Les étalons effectuent des marquages en déposant leurs fèces sur des piles de crottins laissées par d’autres mâles, après les avoir longuement flairés. Ils utilisent également leur urine pour recouvrir les fèces de leurs juments, probablement dans le but de masquer l’odeur des chaleurs aux autres mâles.

Quelle incidence pour l’homme ?

Il faut respecter le besoin qu’à le cheval de sentir les choses ou vous-même. Pour autant, au travail dans le manège, vous pouvez lui apprendre à ne pas s’arrêter à chaque crottin ! Lorsque vous faites la connaissance d’un cheval, laissez le vous flairer les mains, le visage. Certaines odeurs sont agréables aux chevaux et d’autres désagréables, principalement en fonction de l’expérience de chacun. Par exemple, un cheval traumatisé par des soins vétérinaires pourra réagir par un stress important à des mains qui ont touché un produit désinfectant. Vous pouvez aussi porter, à votre insu, le même parfum que quelqu’un qui a été très désagréable pour lui. Observez les réactions aux odeurs que vous pouvez véhiculer : viande que vous venez de manipuler, nouveau parfum ou crème de jour… Une inquiétude ou une attirance peuvent fréquemment être liées à une odeur. A nous de l’observer et d’en tenir compte.

 

A  suivre : la communication tactile (voir 2/3) et visuelle (voir 3/3)

Le site d'Hélène Roche : http://www.ethologie-cheval.fr/



25/09/2015

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