Comprendre les moyens de communication utilisés par les chevaux et les utiliser 2/3
Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°2 -2013
Par Hélène Roche, éthologiste équin
La communication tactile
Dans l'article précédant, nous avons abordé la communication auditive et olfactive (voir 1/3). Aujourd’hui, Hélène Roche nous permet de mieux comprendre la communication tactile.
Chez les chevaux, à la différence d’autres espèces comme le chat ou le chien, les contacts tactiles ne sont pas à la base des échanges entre individus. Ils existent tout de même dans
le toilettage mutuel ou allo-grooming, observé entre chevaux qui s’apprécient, par exemple une mère et son poulain. Les chevaux se positionnent tête-bêche et mordillent leur partenaire, souvent à la base du garrot ou de la queue. Ce comportement, outre sa fonction hygiénique pour se débarrasser de poils morts ou atteindre des zones difficiles à gratter soi-même, permet également de diminuer le rythme cardiaque de chacun des animaux. On constate une augmentation des toilettages mutuels après des tensions sociales dans un groupe, probablement comme moyen d’apaisement.
Les chevaux se touchent également au cours des agressions par morsures ou coups de pieds. Cependant, dans les groupes stables, de telles démonstrations sont quasi inexistantes car la hiérarchie est bien établie. De simples menaces et des évitements suffisent à éviter les contacts physiques agressifs ou défensifs.
Quelle incidence pour l’homme ?
Nous avons souvent tendance à toucher les chevaux, les caresser, les tapoter, à tout moment. Dans notre esprit, il s’agit d’un geste amical, exprimant un attachement ou une récompense. En réalité, ces gestes peuvent être plutôt invasifs pour le cheval qui n’est pas particulièrement tactile. Pour que ce contact physique prenne sens et devienne un plaisir pour lui, on peut imiter le toilettage mutuel entre chevaux. Il faut alors gratter fort avec les doigts et les ongles, en recherchant les zones que le cheval a du mal à gratter lui-même, par exemple derrière les oreilles, l’encolure, l’avant du poitrail, le garrot, l’intérieur des cuisses, la base de la queue. Chaque cheval a ses zones de grattage favorites que l’on peut découvrir en guettant le moment où l’encolure va s’allonger, la tête se relever et le bout du nez se transformer en petite trompe qui tourne sur elle-même. Là, le contact physique est assurément source de plaisir pour le cheval. Lorsque cette communication fonctionne bien entre vous, votre cheval peut prendre l’habitude de vous indiquer où le gratter. Si vous lui proposez de l’aider lorsqu’il tente de soulager une démangeaison mal placée, il va rapidement prendre l’habitude de tendre le nez vers cette zone pour vous demander de bien vouloir la gratter. S’il veut vous rendre la pareille en vous grattant une zone donnée du bout de ses lèvres, laissez le faire ou en tout cas ne le repoussez pas. Cet échange crée un renforcement positif que vous pouvez ensuite utiliser pour le récompenser, lors d’un apprentissage, en grattant une des zones favorites. Autre source de plaisir pour lui, mais qui peut être désagréable, voire douloureuse pour vous, c’est le grattage contre vous, comme il le ferait contre un arbre. Contrairement à ce que l’on entend souvent, il ne s’agit pas d’une marque d’irrespect – le cheval n’a pas d’irrespect pour le congénère ou l’arbre contre lequel il se frotte- mais d’une fonction bien concrète que vous n’êtes pas obligé d’accepter ou à laquelle vous pouvez poser des règles.
A suivre, la communication visuelle (voir 3/3)
Le site d'Hélène Roche : http://www.ethologie-cheval.fr/
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