Le blog des équiciens

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Première approche du renforcement positif

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°6 - 2014

 

Par Hélène Roche, éthologiste équinrme6etho.jpg

 

Les lois et principes de l’apprentissage sont souvent méconnus des cavaliers. Quand il s’agit de parler de renforcements positifs et négatifs, la confusion règne. Utiliser des récompenses au cours d’un apprentissage revient à employer du renforcement positif. Le terme positif est à comprendre dans le sens mathématique d’une addition, et non comme un jugement sur la manière de faire : le cavalier donne un morceau de carotte au cheval qui vient de donner son pied. Le renforcement négatif est à l’inverse, une soustraction : on retire une sensation d’inconfort au cheval qui adopte le comportement désiré (le cheval se porte en avant suite à une action des jambes du cavalier, par exemple).

 

Largement utilisées dans le dressage d’animaux sauvages et des chiens, les récompenses restent rares avec le cheval. Les motivations des propriétaires de chiens et des dresseurs ou des soigneurs en parcs animaliers à les utiliser sont de différents ordres : faciliter le travail quotidien, en obtenant le coopération de l’animal, éviter la contention physique ou chimique pour intervenir sur l’animal (injection, pesée...), améliorer la relation avec l’animal, se faire plaisir, s’amuser... Chez le cheval, seules quelques personnes de spectacle se servent de récompenses. Cependant, elles interviennent rarement au cours de l’apprentissage, mais plutôt dans l’entretien de la motivation du cheval une fois qu’il a appris. Les cavaliers sont souvent réticents à utiliser de la nourriture pour obtenir un comportement, par crainte de débordements (animal qui réclame, excitation, morsures), ou par conviction que le cheval doit faire les choses parce qu’on les lui demande et non avec une contre-partie, qui serait une sorte de paiement ou encore par difficulté de mise en place (Waran et al., 2002).

 

Les études scientifiques prônent une connaissance des principes d’apprentissage et mettent en garde sur les effets négatifs que peuvent avoir des techniques reposant sur l’exploitation de la peur (ISES, 2011). Or avec l’utilisation du renforcement positif, il est démontré que la relation homme-cheval se trouve améliorée (Sankey et al., 2009) et qu’il est possible de dépasser des situations de peur (pour exemples : Ferguson & Rosales-Ruiz, 2001 ; McDonnell, 2000 ; Slater & Dymond, 2011 ; Voith, 1979). Toutefois, cet outil nécessite une manipulation précise et lucide. Sans connaissance sur l’apprentissage, les cavaliers se trouvent souvent en difficulté avec un animal de 500 kg très motivé par la nourriture.

 

Il existe des méthodologies, telles le « clicker training », applicables à différentes espèces (pour exemple : cheval, Bruce, 2009 et Kurland, 2003 ; chien, Pryor, 2005 ; toutes espèces, Ramirez, 1999). Il s’agit davantage d’une philosophie d’approche de l’animal, basée sur le renforcement positif en particulier, plus que d’une nouvelle technique. Elle met en avant l’utilisation du renforcement positif autant que possible, mais pas seulement. La punition négative et le renforcement négatif font aussi partie des outils de ces entraîneurs (Ramirez, 1999). De plus, la connaissance de l’espèce (chien, dauphin, orque, éléphant...) est mise au coeur du système d’éducation des entraîneurs, et la capacité à s’adapter à chaque individu est le fondement de la réussite de cette approche. Qu’il s’agisse de soigner, d’améliorer des gestes pour franchir un obstacle, de résoudre des problèmes de peur ou de faciliter un débourrage, le renforcement positif apporte chez le cheval, des modifications de comportement très rapides. Par ailleurs, plusieurs auteurs pointent du doigt l’importance d’expériences positives pour améliorer la relation homme-cheval (Sankey et al., 2009 ; Slater & Dymond, 2011). Par expérience et en consultant différents formateurs, il ressort que les amateurs rencontrent plus de difficultés à manier cet outil que les professionnels, qui se l’approprient plus vite. Toutefois, l’attente de l’expérimentateur influence souvent le résultat de l’expérience (Despret, 2004 ; Rosenthal& Lawson, 1964). En pédagogie, ce phénomène est connu sous le nom d’effet Pygmalion. Il en est probablement de même entre un dresseur et son cheval : si vous êtes motivé, votre cheval y arrivera !

 

Le site d'Hélène Roche : http://www.ethologie-cheval.fr/

 

 



25/09/2015

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