Influence de l'environnement quotidien du cheval sur son comportement
Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°4 - 2014
Par Claire Neveux, éthologiste équin, Ethonova (Calvados)
Dans le cadre des séances d’équicie, il importe avant tout d’avoir des chevaux détendus et disponibles afin de garantir la sécurité des personnes accueillies et la qualité de la médiation. Une étude de 2011 réalisée par un groupe d’éthologistes fait le lien entre conditions de vie et comportement. En voici un résumé par l’un de ses auteurs.
Les modes de vies imposés aux chevaux influencent leur caractère, leurs comportements et leurs relations, aux autres chevaux mais aussi à l’homme. L’étude menée à l’INRA de Nouzilly avec Léa Lansade, sur deux groupes de jeunes poneys welsh, le montre parfaitement. Le but de cette étude était d’examiner « l’influence des conditions de vie des chevaux sur leur bien-être, leur réactivité émotionnelle et la sécurité des manipulateurs ». Pour cela, deux lots de poulains de un an ont été maintenus pendant douze semaines en condition de vies appauvries ou enrichies. Le lot « appauvri » vivait de façon très proche des conditions généralement rencontrées en centre équestre : en box, sur copeaux, il recevait trois repas de granulés par jour et du foin en milieu de journée, était lâché individuellement au paddock pendant une heure, tous les deux jours. Le lot «enrichi » vivait en box de 4 x 5m, sur de la paille et était confronté à de nombreuses stimulations sensorielles comme des objets nouveaux (bouteilles plastiques, bâches, cordes suspendues...), des odeurs (par la diffusion d'huiles essentielles de cannelle, de thym, de lavande ou de clou de girofle) des objets qui favorisent des comportements d’exploration, une alimentation variée (granulés mais aussi son, pommes, carottes, bouchons de luzerne, foins d’origines différentes...) distribués dans des endroits et des récipients différents. L’enrichissement tactile était constitué par deux tapis et deux brosses fixés au mur à hauteur de la tête et de la croupe, leur permettant de se gratter. L’enrichissement sonore, une heure par jour, prenait la forme de musique classique ou country. La nuit, ce lot était sorti au pré, en groupe, avec une jument adulte. Des tests de réactivité et des observations de manipulations par l’homme ont été réalisés avant la mise en lot, puis après cinq semaines de traitement. Au box, les « enrichis » ont réalisé significativement moins de hennissements, moins de comportements anormaux (grattage du sol, léchage de mur ou de barreaux, coups de pieds dans le mur, hochement de tête...), moins de posture de vigilance et de position "oreilles vers l'arrière" et davantage de périodes de repos couché. Enfin, ils étaient plus faciles à manipuler et manifestaient moins de comportement de défense dans leurs échanges avec l’homme, par exemple en se laissant mettre le licol ou en marchant en longe beaucoup plus facilement.
L’enrichissement sensoriel, social et cognitif permet donc d’améliorer le bien-être du cheval, de réduire son émotivité et de limiter ses comportements dangereux envers cheval, de réduire son émotivité et de limiter ses comportements dangereux envers l’homme, à manipulations égales. A chacun de réfléchir à la façon possible d’enrichir l’environnement des chevaux avec lesquels il travaille, en sachant que cet enrichissement permet de plus d’améliorer les performances d’apprentissage des chevaux.
Pour en savoir plus : étude de L. Lansade, Neveux, Valenchon et Levy, publiée dans les actes de la 37ième journée de la Recherche Equine du 24 février 2011.
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