Le blog des équiciens

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L'équicie face au vide

Témoignage de Marion Carcel, équicienne à l'association Equit'A-Te-Lier (38)

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Tout d’abord je me présente, je m’appelle Marion et je suis Equicienne.J’ai grandi auprès d’enfants présentant un « handicap social », placés par l’A.S.E, maltraités par la vie. Ce vécu un peu particulier m’a incité à poursuivre dans la continuité du travail de mes parents : devenir éducatrice. J’ai par la suite légèrement bifurqué pour suivre ma propre voie : la médiation avec le cheval plus particulièrement l’équicie.Si je vous raconte tout cela c’est parce que je souhaite partager avec vous un ressenti, une expérience personnelle loin d’un écrit scientifique ou d’un éloge de mon métier d’équicien. Un texte personnel qui résonnera ou non pour vous….

 

S’il y a une chose que je peux dire sur ces enfants que j’ai pu côtoyer et que je côtoie encore c’est qu’ils ont peur du vide. Le vertige ? presque…le vide d’amour, du manque d’être aimé qui entraine une cascade de questionnement existentiels :

-        Serai-je aimé un jour si mes propres parents ne m’aiment pas ?

-        Ai-je un jour été aimé ?

-        Suis-je digne d’être aimé ?

-        Etc. …

 

Vous aussi vous en avez le vertige n’est-ce pas ?

 

Ils remplissent alors ce vide par de l’excès, de nourriture, de relation etc… Sans que celui-ci ne se comble réellement. Nous l’avons tous fait à un moment ou à un autre mais leur vide est tellement profond, tellement lié à leur construction qu’il leur paraît abyssal. Ils sont donc, toujours à la recherche du plein tout en ayant peur de ce sentiment inconnu. Ils oscillent alors entre envie de plus et peur du rien, entre l’envie de relation et la peur de s’attacher mettant sans cesse leur entourage au défi de prouver son attachement.

 

C’est là que le cheval entre en jeu… Être fantastique, rêvé de tous. Tantôt craintif et fuyant, tantôt imposant et fort il permet parfois de rejouer le lien aux figures parentales ou simplement de créer une relation positive pour la première fois. Le cheval ne rentre pas dans nos fonctionnements. Il accueille ces enfants avec bienveillance et, je dirais presque, avec une naïveté enfantine. Il les pousse alors à se surpasser, à se dévoiler sans jamais remettre en cause leur capacité à être « aimable ». Mon travail c’est d’être là, présente, à la juste distance pour permettre à une relation de naître puis d’exister. Je prends de la distance ou je m’approche, J’observe le moindre mouvement, je réajuste, je guide, j’encourage ou je mets fin afin que l’expérience soit positive.

 

L’enfant doit s’armer de patience, apprendre à prendre son temps, se remettre au rythme du pas du cheval, dans l’instant présent. Il y aura parfois des embuches, des négociations, des compromis comme dans toutes les relations mais ceux-ci seront silencieux et ne dureront qu’un instant. Si le cheval a su les toucher il deviendra alors le moteur de leur vie de tous les jours, un compagnon qui les guide vers leur estime d’eux-mêmes.

L’équicie, lorsqu’elle s’ajoute à un cadre de vie sécurisant et bienveillant, pourra leur permettre de s’épanouir et de se reconstruire malgré leurs fondations en ajoutant l’un après l’autre chaque moment de bien être comme une pierre à l’édifice. 



27/11/2018

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