Le blog des équiciens

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Tempéraments du cheval et activités en équicie

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°7 - 2015

 

Par Isabelle Claude, présidente de la fédération Handi-Cheval

 

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Du fait de la responsabilité vis à vis de nos publics, il est tentant pour un équicien de n’orienter sa cavalerie que vers des chevaux au tempérament « placide ». Il y a souvent une grande confusion entre placide, « éteint » et « robotisé ». En effet, un cheval placide

reste réactif, vivant, curieux, ce qui n’est plus le cas lorsque l’animal est blasé, qu’il ne réagit plus à son environnement. L’exercice de la médiation équine doit se réaliser avec des animaux s’intéressant à l’environnement sans avoir un degré d’émotivité trop élevé.

 

Mettre à profit la notion de tempérament exige de bien la connaître. Rappelons que les éthologistes désignent par tempérament un « ensemble de dimensions, propres à un individu, qui sont stables dans le temps et entre les situations. Une bonne connaissance du tempérament permet théoriquement de prévoir ses conduites et d’anticiper la majeure partie de ses réactions ».

 

Les aspects mesurables du tempérament [1] sont :

 

  • le degré de peur (réactivité aux évènements ou objets nouveaux ou soudains),
  • la grégarité (besoin de ses congénères)
  • l’activité (plus ou moins de déplacements), le degré de sensibilité tactile (mouvements réflexes de la peau)
  • la réactivité vis à vis des humains (va vers ou non)
  • l'intérêt à l'environnement

 

Ainsi pour déterminer un tempérament, neuf tests ont été mis au point.

Ils se déroulent dans des situations standardisées, à des périodes différentes sur la durée et l’ensemble des résultats est codifié sur une échelle de 1 à 5. Ainsi, si un cheval a peur face à un objet nouveau ou soudain, qu’il a du mal à être séparé de ses congénères

(degré de grégarité élevé) qu’il a une sensibilité tactile élevée et qu’il a une forte réactivité vis à vis des humains dans toutes les situations et que cela perdure dans le temps, on peut dire que ce cheval a un tempérament très émotif.

 

Connaître le tempérament du cheval est utile à l’équicien afin d’exclure les animaux dont le degré d’émotivité est très élevé, cela pour des questions de sécurité. Cependant, il serait dommage de réserver à l’équicie que les animaux au tempérament placide. Sur une échelle de 1 à 5, je dirais que tout animal ayant un degré d’émotivité allant de 1 à 3 voire 4 peut être un partenaire parfaitement adapté.

 

Le choix du tempérament du cheval doit être orienté par le projet de la personne, les objectifs fixés et ce que nous souhaitons mettre en oeuvre.

 

S’il s’agit d’un projet à visée de rééducation motrice dont le moyen est une mise à cheval, alors un animal de faible degré d’émotivité permettra de concentrer la séance sur les sensations du cavalier et l’organisation de l’axe céphalo-caudal. S’il s’agit d’interactions à pied, alors il peut être intéressant de choisir un animal plus émotif, qui va réagir rapidement aux attitudes de la personne. Ainsi, si une personne se montre violente et/ou agressive, avec des passages à l’acte et des atteintes physiques, elle va devoir davantage se contrôler avec un cheval réactif. Cela pose rapidement des limites. Si la personne crie, court, fait des gestes brusques et que le projet consiste à révéler les effets de ces comportements sur autrui, alors un cheval réactif permettra une meilleure visibilité et, peut être, une adaptation plus rapide des comportements. De manière générale, si l’on est face à un projet à visée thérapeutique dans le domaine de la rééducation motrice, il est judicieux de privilégier la morphologie et la locomotion. Dans les autres situations à visée éducative (apprentissage du lien social) ou thérapeutique (amélioration des comportements), il est vraiment pertinent de laisser le choix de l’animal à la personne. Cela sera aidant voire révélateur selon le tempérament de l’animal choisi.

 

Le choix d’une cavalerie aux tempéraments variés offre des possibilités beaucoup plus intéressantes d’adaptation à des projets différents. Pour nous, cela demande une grande attention sur les limites acceptées de nos partenaires équins. Nous devons être capables de décoder les comportements et anticiper toute situation autant du côté humain qu’équin. Il s’agit de mettre à profit la réactivité de l’animal mais pas de faire augmenter son émotivité.

 

L’équicien doit être pleinement conscient de ses propres limites, celles au-delà desquelles il n’est plus en mesure de gérer l’interaction et ses conséquences sur la personne comme sur l’animal. Il est indispensable de bâtir un projet avec l’ensemble des acteurs concernés et de mettre en face les moyens et les animaux les plus adaptés aux situations. Cela suppose donc une très bonne connaissance des équidés et beaucoup de rigueur.

 

[1] Etudes réalisées par Léa Lansade

 



25/09/2015

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