Le blog des équiciens

Le blog des équiciens

Déficience auditive et équicie

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°3 - 2013

Par Emmanuelle Fidry, ergothérapeute et équicienne à Equit’aide

rme3audititon.jpg

 

Fréquemment les équiciens accompagnent des personnes déficientes auditives, parfois sans en être avertis.

A eux de détecter les signaux de ce handicap et d’en tenir compte dans leur pratique.

 

La surdité est un handicap invisible pourtant très répandu : 17% de la population de moins de 65 ans est affectée d'un problème auditif, à des degrés divers, et un enfant sur mille naît avec une déficience de l’audition. Chez les publics que nous accueillons, la proportion de malentendants est encore plus importante car les problèmes d’audition peuvent s’inscrire dans un tableau de déficiences multiples, par exemple chez des personnes porteuses d’une paralysie cérébrale, de troubles psychiatriques ou encore atteintes d’un traumatisme crânien.

Le handicap est lié à l’environnement et une personne qui n’est pas gênée par sa surdité en institution ou chez elle, peut se trouver en difficulté, voire handicapée, dans le cadre de séances d’équicie, sans parfois en avoir réellement conscience. Nos activités exigent des personnes accueillies une attention soutenue dans un environnement sonore souvent riche, donc perturbant pour les déficients auditifs : plus il y a de bruits différents, plus chaque son est difficile à distinguer. L’équicien qui n’est pas toujours averti de la surdité de la personne, va devoir rapidement la questionner afin d’anticiper au maximum les situations dangereuses et le risque de mise en échec de son client.

 

Que doit-on observer ?

 

Déjà, regarder si la personne porte un appareil. Celui-ci est parfois très discret et caché par la chevelure. Mais souvent il n’y a pas d’appareillage et ce n’est qu’en détectant certains comportements que l’on va pouvoir se poser la question d’une déficience auditive. Ainsi, une personne qui comprend parfaitement ce qu’on lui dit en face mais qui ne réagit pas lorsqu’on l’appelle, une autre qui cesse de participer aux conversations quand il y a du bruit autour d’elle, une dernière qui regarde attentivement votre visage ou qui au contraire est absorbée par tous les mouvements autour d’elle, voire qui a besoin d’une exploration constante de l’environnement, peut être atteinte d’une déficience auditive. A nous de recouper nos observations et de poser la question d'un éventuel problème d’audition.

 

A ne pas oublier :

 

Une fois la déficience identifiée, nous devons constamment penser à rester le plus possible dans le champ de vision de la personne, solliciter son regard ou attirer son attention par le toucher, être vigilant à nos expressions de visage et à la congruence de notre langage corporel qui devient primordial.

Pour le cheval, la difficulté consiste parfois à distinguer ce qui dans le langage corporel de la personne a du sens pour lui, en particulier si le client utilise la langue des signes. Cette richesse de signaux corporels émis par la personne est pour le cheval pris comme indicateurs. A cela s'ajoute des contacts tactiles parfois très présents. Cet ensemble de stimulations peut être perturbant,voire stressant pour notre partenaire cheval. A nous d’accompagner la personne afin qu’elle conscientise l’effet de ses comportements et qu’elle cerne la richesse des interactions qu’elle peut vivre avec le cheval.




25/09/2015

A découvrir aussi