Le blog des équiciens

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Relation homme/cheval : : interagir avec la mère pour faciliter l'apprentissage - partie1

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°7 - 2015

 

Synthèse d’études éthologiques réalisées par le CNRS-Université de Rennes1

 

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La pratique de l’équicie suppose des chevaux confiants et sereins au contact de l’Homme. Un travail d’éducation est nécessaire pour mettre en relation nos chevaux partenaires et les publics. Pour autant, ce travail peut être considérablement facilité par quelques règles

simples d’élevage qu’il est bon d’appliquer soi-même ou de rechercher chez nos fournisseurs d’équidés.

 

Ainsi, selon plusieurs études éthologiques réalisées par le CNRS au cours des dernières années, la période post-natale apparaît nettement comme le moment clé pour faciliter la socialisation à l’homme et préparer une coopération future, confiante et détendue, ce qui

nous importe au plus haut point tant pour le bien-être des chevaux que pour la sécurité de nos publics. De nombreuses études montrent que la nature des contacts entre l’homme et le poulain a un impact capital sur les comportements futurs de l’animal. Mais quels types de contacts sont les plus opportuns ? Il est désormais prouvé qu'une présence passive aura un effet bien plus positif qu’une manipulation avec un niveau élevé de contrainte. Au delà de ce constat, une place de plus en plus importante est donnée à la mère, considérée par les éthologistes comme « médiateur de la relation à l’homme » (Hausberger, Hanry,Richard, 2003). Il est prouvé que l’on peut améliorer sensiblement la relation au poulain en s’occupant exclusivement de sa mère. Une étude a ainsi porté sur un brossage quotidien de la poulinière, pendant 13 minutes, dans les cinq jours suivant la naissance. Les comportements des poulains ont ensuite été testés, révélant que les sujets expérimentaux montrent un intérêt à l’homme deux fois supérieur à celui des sujets témoins. Les premiers ont tous pu être touchés par l’expérimentateur et quasiment tous ont accepté d’avoir un tapis de selle posé sur leur dos contre seulement 36 % des poulains témoins. L’étude conclue que le simple brossage de la jument représente un moyen simple et peu coûteux d’influencer le comportement ultérieur du poulain à l’égard de l’homme, à condition que le poulain ne subisse durant ce temps aucune contrainte et que sa mère se montre confiante vis à vis de l’humain. Cette expérience est d’autant plus intéressante que l’impact de cet apprentissage social, via la mère, aurait un impact plus long que des apprentissages sans modèle, auprès du poulain lui-même.

 

En 2007, une autre étude du CNRS (Sankey, Henry, Hausberger), portant sur l’influence du modèle maternel sur la relation du poulain à l’homme, s’est intéressée aux tâches courantes effectuées au sein d’un élevage, telles la mise du licol, la marche en main, le pansage avec prise des pieds. Les poulains de un à six mois observant les manipulations réalisées sur leur mère, une fois par jour pendant neuf jours, puis apprenant sur eux-mêmes ses manipulations, sans contrainte, ont présenté des résultats nettement plus rapides que les poulains n’ayant pas pu observer les manipulations de leur mère auparavant. Dès l’âge de deux mois, les poulains expérimentaux réussissaient ces tâches alors qu’il a fallut attendre l’âge de trois mois pour le groupe témoins, avec de moins bons taux de réussite. Dans la durée, la mémorisation semble là aussi meilleure via le modèle maternel que lors de l’apprentissage direct.

 

Dans le prochain article, nous aborderons les résultats d’études portant sur l’impact de la période du sevrage et les apprentissages sociaux du cheval (voir Partie 2).


 



25/09/2015

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