Le blog des équiciens

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Comprendre les moyens de communication utilisés par les chevaux et les utiliser 3/3

Article issu de la Revue de la Médiation Equine N°3 - 2013

 

Par Hélène Roche, éthologiste équin

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Dans les articles précédents, nous avons abordé la communication auditive, olfactive(voir 1/3) et tactile (voir 2/3). Aujourd’hui, Hélène Roche nous permet de mieux comprendre la communication visuelle.

 

Tout le monde a déjà entendu dire qu’un cheval aux oreilles couchées risquait de mordre. Vrai ou faux ? Faux si l’on s’en tient seulement à ses oreilles, il peut aussi bien écouter un bruit derrière lui, ou s’il est monté, porter son attention sur son cavalier, situé derrière sa tête… Vrai si l’on considère d’autres indices qui confirment une intention d’agression : naseaux plissés, mâchoire crispée, blanc de l'œil peut-être visible, tête avancée, queue qui fouaille… et tant d’autres petits indices. Dans la communication corporelle, tous les détails comptent et ce sont eux qui composent une posture : l’angle de la tête et de l’encolure, position des oreilles, tonus musculaire, mouvement de la queue etc. Les chevaux sont capables d’acquérir une communication corporelle très subtile s’ils ont la possibilité de vivre avec des congénères. Au fil des années, les chevaux apprennent à se connaître et à déceler les premiers signes d’un comportement. En effet, un cheval n’agressera jamais un congénère de but en blanc sans signe annonciateur : avant de ruer, il va coucher les oreilles, relever la tête, orienter sa croupe vers le destinataire et éventuellement ruer si l’autre ne s’est pas éloigné aux premiers signes.

 

Quelle incidence pour l’homme ?

Dans la relation entre l’homme et le cheval, il semble que le défaut d’attention vers ces signes annonciateurs soit souvent à l’origine d’accidents. Ainsi, une étude suisse portant sur les risques professionnels chez des vétérinaires révélait que les chevaux responsables des accidents n’étaient pas nerveux. On peut donc penser que les signes avant-coureurs n’avaient pas été perçus par les praticiens. Autre fait intéressant relevé dans cette étude : les vétérinaires eux-mêmes propriétaires d’un cheval étaient plus sujets aux accidents dans leur pratique que des vétérinaires ne possédant pas de cheval. Là encore, un défaut d’attention, peut-être lié à l’habitude de manipuler son propre cheval et donc d’être moins vigilant, semble être en cause. Sans en arriver à l’accident, on peu remarquer que dans l’échange avec le cheval, le cavalier porte souvent peu d’attention aux petits signes émis par son partenaire. Il ne remarque pas que le cheval s’éloigne d’un pas lorsqu’il se colle trop contre lui, ou que le cheval le pousse avec sa tête lorsqu’il est trop près de ses yeux et gêne son champ de vision. Chez tout être vivant, la communication se fait en trois phases :émission d’un message, perception par le receveur et modification du comportement de émission d’un message, perception par le receveur et modification du comportement de celui-ci. Si nous souhaitons communiquer avec notre cheval, comme il tente de le faire en répondant à nos propres demandes, il faut développer notre finesse de perception face à ses micro-signes corporels qui lui servent de langage. Puis savoir adapter nos propres attitudes pour y répondre. Sinon, il ne s’agit pas de communication car notre cheval « parle » dans le vide et finit par monter le ton –en menaçant- ou par ne plus communiquer du tout.

 

Le site d'Hélène Roche :  http://www.ethologie-cheval.fr/



25/09/2015

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